Le projet « Jugendwunnen Al Schoul » à Mondercange : une structure d’hébergement abordable pour les jeunes sur le chemin de la vie adulte

Depuis quelques années déjà, la commune de Mondercange s'efforce d’encadrer les jeunes en transition vers la vie adulte. Dans ce contexte, la possibilité de disposer de son propre logement à un prix abordable est l'un des éléments clés. Le projet « Jugendwunnen Al Schoul » est un bon exemple de l’engagement de la commune de Mondercange dans la lutte contre la pénurie de logements et les prix exorbitants du marché immobilier, qui touchent, entre autres, les adolescents qui sont prêts à prendre pied dans la vie professionnelle.

Sur le site de l'ancienne école maternelle au cœur de Bergem, la commune de Mondercange met à disposition un total de 18 studios d'une superficie de 19 à 24 m2, dont un est également adapté aux personnes à mobilité réduite. Tous les studios disposent d'une salle de douche privée, d’un frigo, d’un évier, d'un lit et d'armoires spacieuses avec espace bureau intégré. Outre les studios individuels situés à l’étage, il y a également au rez-de-chaussée une grande salle commune avec une cuisine équipée ainsi qu'un espace de détente avec canapés, télévision et bibliothèque, où les jeunes peuvent passer leur temps libre ensemble. De plus, le rez-de-chaussée abrite également une buanderie, permettant aux jeunes de laver et sécher leurs vêtements, sans devoir avancer l’argent pour acheter des machines. En ce qui concerne l'emplacement, le bâtiment, qui dispose en plus d'un espace vert avec un parterre surélevé, se trouve en proximité immédiate d'arrêts de bus menant à Luxembourg-Ville, Esch-sur-Alzette et Bettembourg.

Le projet « Jugendwunnen Al Schoul » a été conçu dans l’intérêt de jeunes célibataires âgés de 18 à 30 ans qui viennent d'entrer dans la vie active ou qui sont encore en train de développer leurs compétences professionnelles. « Dans ce contexte, il est crucial que nous définissions clairement les besoins et les objectifs de chacun de nos locataires, ceci dès le départ. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons déterminer si les jeunes correspondent à notre concept ou non », explique Lisa Bremer, chef de département du service logement, en soulignant que rien n'est laissé au hasard dans cette procédure. Assistante sociale de formation, Lisa Bremer dirige depuis 2016 avec son équipe multidisciplinaire le service logement de la commune de Mondercange.

Pour obtenir un logement, le jeune doit d'abord introduire une demande auprès du secrétariat communal qui l’informatise avant de la transmettre au service logement de la commune. Après un examen par l'équipe socio-éducative en charge de l'accompagnement des jeunes, la candidature peut, le cas échéant, être soumise à une enquête sociale. Après un premier entretien d'information sur le fonctionnement général de la structure, le candidat doit élaborer, avec le soutien du service logement, un projet social individuel. Ensuite, l'équipe socio-éducative présente la situation du jeune au collège échevinal, qui sollicite également l'accord du conseil communal. Enfin, après l'avis favorable de la commune et l’accord concernant le projet social, un contrat de logement est signé entre la commune et l’adolescent.

La mise à disposition d'un studio est donc étroitement liée à l'élaboration d'un projet social, à la réalisation d'objectifs personnels et à un suivi social régulier, au moins une fois par mois. Les jeunes s'engagent à assurer leur projet social personnel tout au long de l'utilisation du logement, comme l'explique Lisa Bremer : « Nous les accompagnons étroitement pendant tout leur séjour dans notre structure. S'ils ont des problèmes dans leur formation ou à l'école, nous les conseillons et, le cas échéant, nous prenons même contact avec l'école ou l'employeur. »

Le but du projet social individuel est l’autonomisation des jeunes, tant en matière relationnelle qu’en matière économique. Ainsi, le bénéficiaire paye lui-même les factures des frais directement liés à son ménage, c’est-à-dire une indemnité d’occupation mensuelle (environ 365 euros) et une avance mensuelle pour sa quote-part dans les frais communs (entre 130 et 150 euros) et s’engage à contracter immédiatement une assurance de responsabilité civile pour son logement. Le paiement d'une caution est également prévu. La durée du séjour est généralement limitée à trois ans, mais peut être prolongée à deux reprises pour un an. Le refus de coopérer avec l’équipe encadrante et le non-respect du projet social peuvent entraîner la résiliation immédiate du contrat.

« En ce qui concerne l'origine des jeunes, elle ne joue pas de rôle, car nous accueillons aussi des jeunes d'autres communes. Mais ceux qui résident dans notre commune ou qui ont un lien étroit avec notre commune sont traités prioritairement », ajoute Jeannot Fürpass, le bourgmestre de Mondercange. L'important est que les jeunes soient domiciliés au Grand-Duché de Luxembourg et, le cas échéant, qu'ils soient en possession d'un titre de séjour valable.

Actuellement 12 jeunes hommes et 6 jeunes femmes occupent les 18 studios. La plupart d'entre eux ont déjà un emploi, les autres fréquentent encore l'école ou suivent une formation. L’âge moyen des occupants est de 25 ans. Un coup d'œil sur les statistiques montre que le service logement est actuellement (juillet 2024) confronté à une liste d'attente de 1.021 demandeurs actifs au total, dont 234 sont des demandes pour intégrer la structure « Jugendwunnen Al Schoul ». Outre ce projet, la commune dispose encore de 86 autres logements adaptés aux besoins des ménages à revenus modestes ou des personnes âgées.

« La plupart des jeunes résidents actuels sont de nationalité luxembourgeoise, mais nous veillons à une bonne mixité sociale », souligne Jeannot Fürpass. En effet, outre la nationalité luxembourgeoise, on y trouve également les nationalités néerlandaise, camerounaise, érythréenne, malienne, brésilienne et syrienne. Le service logement s'engage à répartir les logements de manière homogène et équilibrée et à ne privilégier ni un sexe ni une nationalité. Mais cela ne s'arrête pas là, comme l'explique Lisa Bremer : « Offrir une possibilité de logement aux jeunes à ce stade de leur vie est une chose. Il s'agit aussi de faire en sorte qu'ils se sentent bien dans leur environnement, qu'ils s'intègrent dans notre commune et contribuent ainsi au vivre ensemble à Mondercange ».

Le service logement comprend, outre la responsable Lisa Bremer, deux assistants sociaux ainsi qu'un employé communal dans le groupe d’indemnité B1, qui s'occupe du travail de secrétariat. Mais, pour mener le projet à bien, le service logement doit pouvoir compter sur le soutien des autres services communaux, en l’occurrence le secrétariat, le service financier et le service technique. « Une roue doit s'emboîter dans l’autre. Il nous a fallu un peu de temps pour mettre au point le bon concept, mais entretemps nous avons un service logement très performant », déclare Jeannot Fürpass à ce sujet.

La rénovation du bâtiment a d'ailleurs été subventionnée à 75% par le ministère du Logement. En plus, les frais d'acquisition du premier équipement ont été pris en charge par le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enfance et de la Jeunesse (MENEJ). Le MENEJ et la commune de Mondercange ont également signé une convention selon laquelle l'État participe aux coûts salariaux d'un poste à temps plein ainsi qu'aux frais de fonctionnement de la structure.

Dans ce contexte, le SYVICOL tient à attirer l’attention sur la brochure « Jugendwunnen : L’accompagnement des jeunes en transition vers une vie autonome » publié par le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enfance et de la Jeunesse.

Photos : © Commune de Mondercange, © SYVICOL