Le centre de ressources du SIVEC, pionnier en matière de réemploi et de réutilisation

A côté de son activité statutaire principale, qui est le traitement des eaux usées de ses communes membres, le Syndicat Intercommunal à Vocation ECologique (SIVEC) exploite un centre de ressources innovant. Surtout en raison de ses idées novatrices en matière de réemploi, le SIVEC a valeur de modèle. Et ce à une époque, où les centres de ressources se voient attribuer de nouvelles missions en ce qui concerne le réemploi et la préparation à la réutilisation des objets collectés.

En 1989, un premier centre de recyclage a été mis en place sur le site de la station d'épuration à Schifflange. Deux ans plus tard, les communes d'Esch-sur-Alzette, Mondercange, Reckange/Mess, Sanem et Schifflange ont créé le Syndicat intercommunal à vocation ECologique (SIVEC), chargé du traitement des eaux usées des communes membres et de la gestion du centre de recyclage en question. Celui-ci dessert aujourd'hui quelque 76.000 citoyens, mais ses services ne sont pas exclusivement réservés aux habitants de ses cinq communes membres.

Chaque année, 6.600 tonnes de matériaux sont collectées, dont 100 tonnes sont revalorisées et réintroduites dans le circuit. « Une grande partie des matériaux destinés à l'incinération sont encore en très bon état. C'est pourquoi nous nous engageons fortement depuis quelque temps en faveur du réemploi », explique d'emblée Patrick Falkenstein, le responsable du centre de ressources, qui est particulièrement fier du dernier projet « Mol nach emol » sur lequel nous reviendrons plus en détail.

En moyenne, 300 clients se présentent chaque jour au SIVEC. Pendant la pandémie, ce nombre avait plus que doublé. « Ceci nous a posé un grand défi logistique, car nous n’étions pas à même de gérer cette grande affluence qui a entraîné une surcharge de travail », poursuit Patrick Falkenstein. Étant donné que la nécessité rend souvent inventif, l’équipe du SIVEC a introduit un système de rendez-vous qui a entretemps fait ses preuves.

Depuis septembre 2020, les clients peuvent s'enregistrer et déclarent leur passage sur rendez-vous au SIVEC. Outre les plaques d'immatriculation, ils enregistrent également le type de véhicule et les matériaux qu'ils vont décharger. Le dépôt se fait ensuite sous la surveillance d'un agent du SIVEC qui contrôle à la fois la qualité et la quantité, tout en vérifiant que le matériel correspond aux informations fournies au préalable. Si tel n'est pas le cas, ce manquement est consigné par écrit. Si un client enfreint fréquemment les règles, un entretien est organisé ou, dans le pire des cas, une interdiction est prononcée. En ce qui concerne le type de déchets, tout est en principe accepté au SIVEC, sauf quelques exceptions comme notamment les ordures ménagères à évacuer par la poubelle grise.

« L'introduction du système de rendez-vous nous a permis d'avoir une vue d'ensemble de ce qui est livré. Et l'affluence régulée permet une meilleure coordination de l'équipe », indique Patrick Falkenstein, qui peut compter sur dix-huit collaborateurs au total, dont un tiers sont des personnes issues de mesures de travail. S’y ajoute une personne en situation de handicap physique. Et ce à quoi le responsable du centre de ressources attache une importance particulière, c'est que les nouveaux projets sont développés en commun, ce qui contribue à l'esprit d'équipe. Le plus récent des nouveaux projets est à la fois simple et astucieux. Il s’intitule, comme déjà mentionné, « Mol nach emol ».

Le projet en question a pour objectif de sensibiliser les élèves, le corps enseignant et les parents des élèves à l’économie circulaire par le biais du réemploi et de la revalorisation de matériel scolaire. Dans un premier temps, il s'agit de collecter au SIVEC et dans différentes écoles de l’enseignement fondamental principalement des fournitures scolaires (cahiers, classeurs, crayons, aquarelle, couleur de cire), de les retravailler (nettoyer, tailler, désinfecter) et puis de les mettre à disposition des écoles, maisons relais ou autres structures. Le tri et la préparation des articles sont faits par les Ateliers Kraizbierg, un des partenaires du projet soutenu d’ailleurs par l’Œuvre Nationale de Secours Grand-Duchesse Charlotte. Le projet a donc le mérite de contribuer à la cohésion sociale et à l'inclusion. Les autres partenaires sont SuperDrecksKëscht et Emweltberodung Lëtzebuerg a.s.b.l..

L'idée est née du constat qu'un grand nombre d’ustensiles de peinture et d’autres fournitures scolaires sont tout simplement jetées. Le groupe-cible est donc constitué d'écoles, de maisons relais et d'autres institutions (comme le SNJ, Caritas ou encore les épiceries sociales). Et comment l'équipe atteint-elle ses « clients » ? Tout simplement en envoyant des messages avec les informations nécessaires (quantité, type d’articles, ...) dans des groupes WhatsApp. « Notre réseau compte aujourd'hui plus de 300 écoles, foyers et organisations dans tout le pays. Il y en a de plus en plus chaque semaine, car le bouche-à-oreille et la publicité sur les réseaux sociaux sont les meilleurs vecteurs », explique Patrick Falkenstein. Pour avoir accès à ces groupes, il suffit de s'inscrire sur le site du SIVEC ou de scanner un code QR et de remplir un formulaire.

L'objectif du projet n'est pas seulement écologique, mais aussi pédagogique : il s'agit d’inciter les jeunes à donner une deuxième vie à leurs articles scolaires plutôt que de les jeter, et de les sensibiliser ainsi au thème plus large d’un comportement durable au quotidien, tout en favorisant une approche zéro déchet. À plus long terme, le projet vise également à impliquer davantage les institutions par, entre autres, la mise en place de points de collecte de matériaux recyclables dans les écoles.

Le SIVEC collecte d'ailleurs aussi sur demande lorsqu'une classe lance un projet particulier par exemple. « Grâce aux échanges avec les écoles et les maisons relais, des classes et des groupes d'enfants viennent régulièrement chez nous pour se faire une idée du recyclage et du réemploi », explique Patrick Falkenstein, ajoutant qu'une salle de formation a été aménagée au SIVEC à des fins pédagogiques.

« En tant que communes, nous avons toujours mis l'accent sur des thèmes tels que l'environnement, la protection de la nature et du climat. Tout compte fait, Schifflange a un caractère exemplaire à cet égard, comme le prouvent les nombreuses distinctions et prix que nous avons reçus sur le plan national et européen. Et le fait que le SIVEC soit devenu bien plus qu'un simple centre de recyclage, mais un centre de ressources et de réutilisation, me rend particulièrement fier », commente Paul Weimerskirch, bourgmestre de la commune de Schifflange et président du SIVEC. Ce qui l'impressionne également toujours à nouveau, c'est la créativité et l'esprit d'innovation dont fait preuve l'équipe de Patrick Falkenstein. « Lorsque ce dernier présente ses nouveaux projets lors des réunions du bureau du SIVEC, ils sont toujours très bien accueillis. D'autant plus qu'ils n'impliquent que très peu, voire pas du tout, de frais », ajoute Paul Weimerskirch.

Le SIVEC, qui collecte également en moyenne 1.500 appareils électriques par an, de l'électroménager aux jouets électriques pour enfants, a également conclu un accord avec les associations Nei Aarbecht, Nei Schaff et Ecotrel. Ainsi, les appareils de bonne qualité sont contrôlés et emballés avant d'être revendus, par exemple, dans le magasin de Nei Aarbecht. Sur les 1.500 appareils en moyenne 90% sont généralement encore intacts.

Ce n’est qu’une initiative de plus sur le chemin du SIVEC vers la mise en œuvre du « Paquet économie circulaire » adopté par la Chambre des Députés en avril 2022, dont les objectifs comprennent la prévention et la réduction des déchets comme étape importante dans la transition de l'économie luxembourgeoise vers une économie circulaire.

Info : Une journée « Upcycling, réemploi et valorisation de déchets » aura lieu en date du 16 juin 2024 au SIVEC dans le cadre de l’économie circulaire.